En cette période si particulière, nous tenons à vous informer au mieux sur la poursuite de nos activités et services et la mobilisation des équipes qui poursuivent leur action.
Nous vous proposons quelques portraits de professionnels engagés qui agissent sur le terrain, au quotidien dans le respect des protocoles définis.

Portrait #9 : L’enseignement à distance au Pôle Handicap Enfance

Au Pôle Handicap Enfance de la MFSL, l’accompagnement distancié inclut un enseignement à distance. Pour les enseignants, il a fallu redoubler d’imagination pour intéresser les élèves qui sont souvent déjà en difficulté scolaire. Rencontre avec Delphine Janicaud.

Delphine est enseignante auprès d’un groupe d’enfants accompagnés par l’ITEP de Cruzille accueilli traditionnellement en séquentiel. En temps normal, du lundi au mercredi, les enfants sont accueillis sur l’établissement, tandis que les jeudis et vendredis, ils suivent l’enseignement dans leurs écoles de secteur. Delphine Janicaud accompagne 10 enfants, du CP au CM2.

« Le 16 mars, j’ai pu récupérer toutes les adresses e-mails des parents et par chance sur mon groupe, tous en disposaient. Dès la semaine suivante, je leur ai adressé un programme par jour et je mets à leur disposition des documents sur un drive que je partage avec eux. Ça fait moins de mails et de pièces jointes à envoyer puis à stocker. Ensuite, afin d’avoir un feed-back des familles et des élèves, j’ai ouvert un espace sur un site avec des exercices de maths et de français, ce qui me permet de suivre leurs résultats. Au début, certains parents m’envoyaient des photos mais ce n’était pas facile à suivre et tous ne le faisaient pas… » explique l’enseignante. « Je leur propose également des questionnaires sur Google Form car mes élèves préfèrent cliquer plutôt que d’écrire ! ». Et puis pour garder ce lien privilégié avec les enfants, Delphine a décidé de continuer à leur lire des histoires… « Je m’enregistre et ils entendent ma voix. Ils apprécient. Et puis je les appelle plusieurs fois par semaine afin de les faire travailler en individuel, notamment l’anglais ».

Convaincre les familles et instaurer un rythme

Ce qui a certainement été le plus difficile pour Delphine et ses collègues enseignants, c’est de convaincre les familles qu’il fallait prendre le relais et que ce n’était pas impossible ! « Je n’ai pas lâché et je les oblige à me renvoyer le travail du jour, chaque soir. Dans ce contexte de confinement, ce qui et le plus important, c’est d’instaurer un rythme et finalement, aujourd’hui, les parents sont contents de tenir vis-à-vis de leur enfant » ajoute Delphine.
La particularité de son groupe, c’est l’enseignement en séquentiel. Les classes de rattachement envoient aussi des devoirs à faire aux élèves d’ITEP, ce qui a pu créer un peu de confusion. « Depuis la semaine dernière, j’ai récupéré le travail envoyé et je les aide à faire le tri dans ce qu’ils doivent faire. Je reste en lien avec les collègues enseignants des classes de rattachement pour que tout cela soit cohérent pour les élèves », assure-t-elle.
« Lors de mes appels en direction des familles et des enfants, je reste concentré sur l’éducatif mais si d’autres problématiques me remontent, j’organise la prise de relai avec l’équipe qui suit le groupe (éducateur, psychologue…) ».

Inventer de outils pour travailler à distance avec les élèves

Mais comme elle le confie, « les premiers jours de confinement, il a fallu imaginer nos solutions nous-même. On a testé des outils, avec les collègues, on échange sur ce qui fonctionne ou pas… sachant qu’on ne peut pas utiliser des applications comme WhatsApp par exemple car c’est interdit aux moins de 14 ans ! Désormais, nous avons des réunions une fois par semaine avec l’Inspection qui nous donne certains conseils. Je fais attention à ne pas trop changer d’outils car maintenant, les habitudes sont prises et le résultat est plutôt positif ».
« L’important, c’est d’entretenir le lien » répète l’enseignante. Et pour renforcer ce lien, elle va les relancer sur le projet de Flash Mob. « Je vais essayer de leur envoyer une vidéo pour les appeler à l’aide car j’ai du mal à apprendre la chorégraphie… Ils vont devoir m’aider ! ».

En conclusion, Delphine Janicaud l’avoue, « il y a des choses positives qui se jouent. Ce confinement permet de développer d’autres liens et il y a des trucs assez chouettes qui se passent ! On fait très attention à ne pas en perdre en cours de route…».